Une République, Trois Républiques

Thème 3 – La République française face aux enjeux du XXème siècle

Question 1 – La République, trois républiques

Leçon 1 : L’enracinement de la culture républicaine (les décennies 1880 et 1890)

I La République, la démocratie et les libertés

  1. La France devient une démocratie parlementaire

Les républicains imposent dans les années 1880 un nouveau régime politique en France, la démocratie parlementaire. Celle-ci se fonde sur le suffrage universel masculin : dans les mairies, les conseils généraux et au Parlement, les représentants du peuple sont élus selon le principe de la souveraineté nationale (c’est-à-dire le principe selon lequel la source d’autorité politique est la nation ou le peuple). Toutefois, le suffrage universel est exclusivement masculin : des mouvements pour le droit des femmes naissent, mais celles-ci sont toujours suspectes d’être sous l’influence de l’Église catholique, que la République souhaite limiter.

Le pouvoir législatif est représenté par deux assemblées, la Chambre des députés et le Sénat. Elles votent les lois, élisent le Président de la République et contrôlent le pouvoir exécutif, puisque la Chambre des députés peut à tout moment renverser le gouvernement. La IIIe République est donc un régime parlementaire dans lequel le principe de séparation des pouvoirs est respecté.

  • Une République libérale

Les Républicains se réclament de la Révolution Française, qui symbolise pour eux la victoire des libertés fondamentales et des droits de l’Homme contre l’Ancien Régime et son premier soutien, l’Eglise catholique. Cela ne signifie pas toutefois qu’ils puissent être désignés comme des révolutionnaires.

Ils imposent et garantissent par des  » lois républicaines  » ce qu’ils considèrent comme des droits fondamentaux dans une démocratie libérale, tels le droit de propriété, le droit d’entreprendre et celui de travailler. Ces principes leur permettent de rallier à eux une partie de la bourgeoisie, laquelle se rend compte que le système républicain ne remet pas en cause sa prédominance ni ses valeurs dans le cadre de la société industrielle.

Mais la République étend également les libertés publiques : les lois de 1881 imposent la liberté de la presse et celle des réunions publiques. En 1884, les syndicats peuvent se constituer librement – le premier à se constituer est la Confédération générale du travail (CGT). Cette loi permet la création d’associations ouvrières qui appuient les revendications des travailleurs au moment où, dix ans après la Commune, les mouvements ouvriers se réorganisent. Enfin, la loi de 1901 qui autorise la création d’associations permet la naissance de partis politiques modernes.

  1. Les républicains dominent la vie politique

Les républicains obtiennent des majorités de plus en plus larges. Parmi eux, les modérés, que leurs adversaires appellent  » opportunistes « , sont majoritaires. Ils souhaitent consolider les acquis de la République, mais de façon progressive. Leurs principaux leaders sont Léon Gambetta et Jules Ferry.

A gauche des « opportunistes », les radicaux, dirigés par Georges Clemenceau, prennent une place croissante. Tout en défendant les valeurs de la République, ils sont favorables à des réformes plus importantes, notamment en faveur des classes populaires.

Les républicains sont peu menacés par la droite, très affaiblie et divisée entre monarchistes et bonapartistes. Malgré l’opposition de nombreux catholiques, dont certains demeurent attachés à la monarchie, l’Église accepte la volonté de la majorité et se rallie à la République en 1892. Ce ralliement confirme les progrès des idées républicaines en France. A l’extrême gauche, le poids des socialistes révolutionnaires et des anarchistes est médiocre et ces mouvements sont éclatés.

II La République et la Nation

  1. Assurer la cohésion nationale

La modernisation des transports, en particulier le développement des routes et des chemins de fer, permet de rapprocher les régions et donc de renforcer la cohésion du terri toire national. Cependant, certaines campagnes demeurent très enclavées.

Pour renforcer le sentiment d’appartenance à une même nation, les républicains promulguent la loi du 26 juin 1889. Celle-ci donne la nationalité française à tout individu né sur le sol français (c’est le  » droit du sol « ). Elle interdit également de répudier la nationalité française, une pratique qui permettait à de nombreux jeunes hommes d’échapper à la conscription.

De même, la loi de 1889 sur le  » service militaire universel  » permet le brassage de classes d’âges issues de toutes les régions et de l’ensemble des classes sociales. L’armée, même tenue par des officiers conservateurs, bénéficie du soutien des républicains. Le 14 juillet est d’ailleurs l’occasion, dans chaque ville de garnison, de montrer sa force lors des prises d’armes auxquelles sont associés d’éphémères  » bataillons scolaires « , groupes d’écoliers âgés de onze à douze ans.

  • Le patriotisme républicain

La propagande républicaine vante les bienfaits des valeurs et des lois imposées par la République à travers des tracts, des affiches et des journaux. L’essor de la presse et les progrès de la scolarisation permettent à ces écrits de toucher un public de plus en plus large.

La loi scolaire de Jules Ferry, en 1882, laïcise l’école publique, devenue gratuite et obligatoire. L’enseignement doit transmettre aux enfants les valeurs de la République mais aussi lutter contre l’influence de l’Église (la République impose une sécularisation de la société française). Les jeunes français y apprennent la langue commune, qui se substitue aux patois locaux. Ils y acquièrent également les connaissances fondamentales. La scolarisation des filles progresse, notamment en 1880 avec la loi de Camille Sée qui permet la création des premiers lycées de jeunes filles. Mais celles-ci ne suivent pas le même enseignement que les garçons.

Les maîtres laïcs, formés dans les écoles normales, enseignent aux enfants l’amour de la patrie, à travers leurs cours d’histoire, d’instruction civique et par la lecture d’ouvrages comme Le Tour de la France par deux enfants. Ils s’appuient également sur la colonisation, présentée comme une œuvre civilisatrice et un projet assurant la puissance de la France.

  1. Rituels et symboles de la nation républicaine

Dès les années 1880, les Républicains inscrivent leurs valeurs dans des symboles et des rituels, afin de leur conférer un caractère officiel. Ainsi, la Marseillaise, chant de ralliement des Républicains, devient officiellement l’hymne français.

Le 14 juillet est choisi comme fête nationale et des manifestations se mettent progressivement en place : revue des troupes par le président de la République, cérémonies officielles et fêtes populaires.

Le caractère républicain du régime s’affirme également dans les lieux du pouvoir, comme dans les mairies, où l’on installe le buste de Marianne. Le Panthéon devient un monument laïc, qui accueille les grands hommes de la République. Victor Hugo y est inhumé en 1885 et en 1908, les députés décident d’y transférer les cendres d’Émile Zola.

III La République à l’épreuve des contestations et des crises

  1. La montée de l’antiparlementarisme

Les républicains sont peu menacés par la droite, très affaiblie et divisée entre monarchistes et bonapartistes. Cependant, les mécontentements liés aux difficultés économiques, aux scandales financiers et à l’instabilité gouvernementale entraînent une montée de l’antiparlementarisme dans les pays.

Tirant profit de cette situation, le boulangisme, mouvement nationaliste et autoritaire, dénonce à la fin des années 1880 la classe politique et revendique une République dirigée par un chef fort. Le général Boulanger obtient quelques succès électoraux en 1889, mais il refuse de suivre ses partisans qui le pressent d’organiser un coup d’État. A l’extrême gauche, les socialistes révolutionnaires et les anarchistes, également antiparlementaristes, dénoncent la  » République bourgeoise  » et militent, violemment parfois, pour une révolution prolétarienne. Mais ces mouvements sont éclatés et minoritaires.

  • La question sociale

Les gouvernements républicains prennent peu de mesures en faveur d’une classe ouvrière de plus en plus nombreuse du fait de la deuxième révolution industrielle. Les avancées concernant les droits sociaux, comme la réglementation du travail des femmes et des enfants, sont rares dans l’ensemble.

Les républicains de gouvernement, les « opportunistes « , attachés au suffrage universel et à la laïcité défendent la stabilité sociale et le libéralisme économique. Soutenus par les milieux d’affaire et les classes moyennes, ils gagnent toutes les élections législatives de 1877 à 1898. Les radicaux, qui accèdent au pouvoir à la fin du siècle, réduisent la journée de travail à 11 heures, ce qui ne répond pas aux attentes des syndicats et des socialistes qui revendiquent la journée de 8 heures.

Face aux conflits, les gouvernements alternent entre concessions et répression. Ainsi, Georges Clemenceau n’hésite pas à envoyer la troupe pour briser un mouvement de grève en 1908. Les progrès sociaux de la période sont souvent acquis à la suite de longues luttes.

  1. L’affaire Dreyfus

En 1894, un officier français, le capitaine Alfred Dreyfus, est accusé d’avoir livré des secrets militaires à l’Allemagne. Malgré son innocence, il est condamné pour trahison, dégradé et déporté en Guyane.

 » L’affaire  » éclate lorsque le vrai coupable, le commandant Esterhasy, est acquitté par un Conseil de guerre. Emile Zola publie  » J’accuse  » dans L’Aurore et une première pétition d’intellectuels convaincus de l’innocence de Dreyfus circule. La France se divise entre dreyfusards et antidreyfusards.

Les partisans de Dreyfus, comme Clemenceau, Zola ou Jaurès, demandent la révision du procès au nom de la justice et des droits de l’homme. Ses adversaires, comme Charles Maurras, appartiennent principalement à la droite nationaliste et antisémite. Dreyfus est finalement gracié, mais ne sera réhabilité qu’en 1906. Cette victoire des dreyfusards confirme le processus d’enracinement de la République.

 

L.2 : LES COMBATS DE LA RESISTANCE ET LA REFONDATION REPUBLICAINE. 1944-1946

 I Vichy: un régime antirépublicain et collaborationniste

Un régime né de la défaite. L’offensive allemande du 10 mai 1940 se traduit par une défaite rapide : le 14 juin les Allemands sont à Paris (2 M de soldats sont prisonniers et 8 M de Français sont sur les routes: l’exode). Face à la déroute, Pétain (partisan de l’armistice) devient président du Conseil (16 juin). Dès le 17 il annonce qu’il faut cesser le combat et le 22 juin il signe l’armistice à Rethondes Le gouvernement s’installe à Vichy.

La République et la démocratie mises à mort. Sur une idée de Laval, les Parlementaires, en plein désarroi et considérant Pétain comme un «sauveur», lui accordent les «pleins pouvoirs constituants» (vote du 10 juillet 1940 –569 pour, 80 contres). Dès le lendemain 3 actes (textes) posent les bases d’un nouveau régime: le président Albert Lebrun est renvoyé et Pétain prend la direction d’un «État Français» qui remplace la République. Il cumule les 3 pouvoirs (en plus de l’exécutif -nomme aux emplois, dispose de la force armée-il peut légiférer par décret) et ajourne les assemblées. La démocratie n’est plus : interdiction des syndicats libres; disparition des anciens partis; maires désignés par le pouvoir; règne de la propagande et de la censure; glorification de Pétain….un Conseil National est créé en guise d’Assemblée, mais ses membres sont nommés (pas élus) et les réunions furent rares. L’historien H. Rousso qualifie Vichy de «dictature dyarchique», car Pétain doit composer avec le vice-président du Conseil, Pierre Laval.

«La Révolution Nationale», un programme antirépublicain. Pétain entend appliquer une politique destinée à régénérer la France. Cette «Révolution Nationale» repose sur une idéologie réactionnaire (rejet de la modernité): la République (surtout celle de 1936) est accusée de la défaite; les nouvelles idéologies (communisme et capitalisme) sont méprisées (seulement en discours pour le second); «l’antiFrance» est accusée de tous les maux (immigrés, Francs-maçons, communistes, Juifs). Pour le régime, le passé (idéalisé) est la solution: la France a «fauté» et doit renouer avec l’Église (morale cléricale), les valeurs anciennes (devise: «Travail, famille, patrie») et le corporatisme. Vichy mène une politique discriminatoire, xénophobe (dénaturalisation des immigrés), antisémite (statuts des juifs en octobre 1940, puis en juin 1941) et répressive: dès 1940, des milliers de Juifs et opposants sont enfermés dans des camps en zone sud (Rivesaltes, Gurs…).

►Un régime qui fait le choix de la collaboration L’entrevue de Montoire (24 octobre 1940) où Pétain serre la main d’Hitler, symbolise ce choix. Il s’agit, pour Pétain et Laval, de consolider ce qu’il reste de la souveraineté du pays (sur la zone libre) et surtout d’assurer une place à la France dans le nouvel ordre nazi européen qui s’annonce. D’où un soutien à l’effort de guerre nazi (collaboration économique-STO); d’où une pleine collaboration administrative en zone nord (la police française y fait appliquer le port de l’étoile jaune pour les Juifs en mai 1942; elle garde les camps; élabore un fichier des juifs qui sert de base à la rafle du Vel’d’hiv du 16 juillet 1942, à laquelle elle participe). D’où également la persécution des juifs en zone sud (rafles) et la chasse aux résistants partout (création de la Milice en janvier 1943 par Laval).La collaboration est aussi le choix de certains Français (Création de la Légion des Volontaires Français en juillet 1941: Déat, Doriot…)

II La Résistance et la préparation du retour de la République

L’émergence des résistances. Résistance extérieure : le 18 juin 1940, sur la BBC, le général de Gaulle appelle les Français à poursuivre le combat. Londres le reconnaît comme «chef des Français libres». De Gaulle organise et fait aussi admettre l’existence d’une armée française autonome: les FFI (Forces Françaises Libres), fortes de 7000hommes en juillet 1940 (10 fois plus en juin 1942). Ces troupes combattent aux côtés des Alliés, notamment en Afrique du Nord. Simultanément, une résistance intérieure spontanée voit le jour en France et s’étoffe peu à peu : aide à l’évasion pour venir en aide aux personnes persécutées; élaboration et diffusion de tracts et journaux clandestins; actes de sabotage contre l’Occupant ou contre Vichy….

La structuration de la Résistance. A l’extérieur, le général de Gaulle profite du débarquement allié en Afrique du Nord (novembre 1942) pour y instituer une autorité française rivale de Vichy. Malgré l’hostilité initiale des Américains, de Gaulle prend en 1943 la tête du CFLN (Comité Français de Libération Nationale). Ce gouvernement de la France libre, avec Alger pour capitale, s’efforce de reconstruire un État républicain (une Assemblée, un Conseil d’État…). A l’intérieur, les résistances de se développent: l’attaque de l’URSS (juin 1941) amplifie l’engagement des communistes; la création du Service du Travail Obligatoire (février 1943) pousse de nombreux jeunes à rejoindre les maquis. Jean Moulin, mandaté par de Gaulle, contacte puis coordonne les différents réseaux de résistants de l’intérieur (1942). Le 27 mai 1943 Moulin créé le Conseil National de la Résistance (CNR) composé de représentants des réseaux résistants, des partis, des syndicats): l’autorité du général de Gaulle est reconnue par les résistances intérieures, donc sa légitimité se trouve consolidée aux yeux des Alliés. Après l’arrestation de Moulin (juin 1943), le CNR est dirigé par Georges Bidault et publie, en 1944, son programme pour refonder la République.

Libérer le territoire et préserver la souveraineté française. En juin 1944 (débarquement) les Alliés et les FFL engagent l’assaut sur la France et s’effondre s’effondre. La Résistance intérieure, avec les FFI (Forces française de l’Intérieur créées en 1944), participe au combat en multipliant les sabotages et en harcelant les Allemands. Le 24 août 1944: les FFL du général Leclerc entrent dans Paris (insurgée quelques jours plus tôt). Il faut encore 4 mois pour libérer leterrotoire. De Gaulle veut éviter que les Alliés ne placent la France libérée sous la tutelle d’un gouvernement d’occupation (AMGOT –Allied Military Government of Occupied Territories). C’est pourquoi dès juin 1944 le CFLN est transformé en un GPRF (gouvernement provisoire de la république Française) dont il assure la présidence. Le 26 août le GPRF s’installe à Paris et de gaulle est acclamé lors de la descente des Champs Élysées, ce qui fait de lui une figure politique incontournable. De Gaulle considère que Vichy est illégitime et que la forme de gouvernement du pays «est et demeure la république».

III La reconstruction républicaine (1944-1946)

Rétablir l’ordre. Le GPRF entreprend de ramener l’ordre dans un pays en proie à l’anarchie et aux règlements de compte Il s’efforce de maîtriser l’épuration sauvage (9000 exécutions sommaires, femmes rasées…) en lui substituant une épuration légale (avec jugement) visant les 125000 Français accusés de collaboration (38000 condamnés à la prison, 767 à mort: –dont Laval et Pétain qui voir sa peine transformée). Globalement les pauvres furent plus durement frappés que les nantis et des personnages influents passèrent entre les mailles (Papon, Bousquet…). Pour asseoir l’autorité du GPRF des commissaires de la république sont envoyés dans les régions pour remplacer l’administration de Vichy et évincer les dirigeants locaux de la Résistance. Il dissout les organisations résistantes armées (proposition d’intégrer l’armée régulière).

Rétablir la démocratie républicaine. Le GPRF déclare «nuls et sans effets» les actes et lois promulgués par Vichy Les libertés sont rétablies et l’on accorde le droit de vote et d’éligibilité aux femmes (municipales en avril 1945). Les Français veulent une rupture : consultés par referendum en octobre 1945, ils se prononcent à 96% contre le retour à la IIIème République et élisent le même jour les députés qui siègent dans une Assemblée constituante L’échiquier politique est transformé: les droites traditionnelles et extrêmes sont discréditées, le parti Radical aussi, tandis que 3 partis réalisent chacun 25-23% des voix (le PCF, la SFIO et le MRP –ce dernier relevant de la démocratie chrétienne). D’accords pour gouverner ensemble (Tripartisme), ils s’opposent sur le futur régime. Dans cette période transitoire (GPRF puis tripartisme) de multiples réformes inspirées du CNR sont réalisées : place des femmes; renforcement du rôle de l’État dans les domaines économique (planification incitative; nationalisations multiples) et social (Sécurité Sociale)

Une IVème République «mal née». Craignant le retour à un régime personnel et autoritaire, Socialistes et communistes veulent un régime donnant un fort pouvoir à l’Assemblée. De Gaulle défend la primauté de l’exécutif (régime présidentiel). Il démissionne le 20 janvier 1946 (espérant être rappelé, ce ne sera qu’en 1958). Un premier projet, combattu par le MRP, est rejeté par les Français (referendum du 5 mai 1946 –53% de non). Une nouvelle Constituante est élue (juin 1946 –le MRP gagne des sièges) et élabore un projet de compromis (critiqué aussi par de Gaulle dans le discours de Bayeux de juin 1946). Ce projet est adopté par referendum en octobre 1946: 9 millions de oui (8 millions de non et 8 millions d’abstention). Seule une minorité de Français soutiennent le nouveau régime, dont le fonctionnement sera en fait proche de la IIIème. République.

Les institutions de la IVème République: un pouvoir législatif fort, et instable. Dans son préambule, la nouvelle Constitution contraste avec l’idéologie vichyste en réaffirmant les grands principes hérités de 1789. Elle va plus loin en reconnaissant l’égalité des sexes et l’existence de droits droits (droit au travail, à la santé, service public). Dans cette République, l’Assemblée Nationale (la +importante) détient un grand pouvoir: elle vote seule la loi et décide d’investir, ou non, le Président du Conseil; par ailleurs elle peut (suite à une interpellation) refuser sa confiance au gouvernement et le renverser. Le droit de dissoudre l’Assemblée existe, mais il est limité. Donc le président du Conseil a besoin d’une solide majorité à l’Assemblée pour gouverner. Cela s’avère compliqué: dès 1947 deux puissants partis s’affirment dans l’opposition (les Gaullistes du RPF, le PCF); de plus, le scrutin proportionnel favorise les «petits partis» et cela se traduit par des alliances de gouvernement fragiles. Malgré l’instabilité, le bilan du régime (1946-1958) est loin d’être négligeable (Reconstruction et croissance, construction européenne…).